Jessica Pratt nous fais l’honneur de venir à Marseille pour interpréter son dernier album « Here in the Pitch » ! Originaire de Los Angeles, elle est devenue l’une des compositrices les plus singulières et les plus originales de sa génération, en grande partie grâce au son envoûtant de sa guitare acoustique et de sa voix : un mélange mystique et insaisissable qui suscite des émotions intenses de la part de son public dévoué (et patient). Pour présenter son album, elle ne nous accueille ni avec sa voix à couper le souffle, ni avec le son délicat et sophistiqué de sa guitare. Au lieu de cela, le quatrième album de Pratt commence par un roulement de percussions qui fait immédiatement référence au style grandiose et orchestral des succès pop des années 60, comme « The Sun Ain’t Gonna Shine Anymore » des Walker Brothers.
Cinq ans après son grand succès, Quiet Signs (2019), qui marquait son premier travail en studio après des années d’enregistrement à domicile, Pratt est réapparue avec une nouvelle ambition et de nouveaux horizons pour sa musique. Travaillant une fois de plus au Gary’s Electric Studio à Brooklyn, NY, avec ses collaborateurs de confiance – le multi-instrumentiste/ingénieur Al Carlson et le claviériste Matt McDermott –Pratt a fait appel au duo rythmique composé du bassiste Spencer Zahn et du percussionniste Mauro Refosco (David Byrne, Atoms for Peace) pour l’aider à concrétiser sa vision. « Ayant déjà enregistré un disque en studio, j’ai appris à obtenir ce que je voulais et à le communiquer aux gens », explique-t-elle. « Cette fois-ci, il s’agissait moins d’explorer un nouvel outil que de tirer parti de ce que j’avais appris et d’aller plus loin. »
Pratt a rapidement envisagé un ensemble d’influences plus large – « de grands sons panoramiques qui vous font penser à l’océan et à la Californie » – et les résultats sont manifestes dans le répertoire dynamique d’instruments qui accompagnent ses mélodies gracieuses et oniriques. Tout au long de ces neuf chansons, vous entendrez des timbales et du glockenspiel, du saxophone baryton et de la flûte, ainsi que des arrangements vocaux qui créent une ambiance triomphante, même lorsque les paroles laissent entrevoir une certaine dévastation.
Pour parvenir à ce sentiment de résilience musicale, Pratt cite Pet Sounds comme son « étoile polaire » dans la recherche d’un style de production plus complet. Mais alors que beaucoup d’artistes considèrent l’album phare des Beach Boys de 1966 comme le précédent intouchable en matière de grandeur symphonique, Pratt s’est sentie attirée par les zones d’ombre de ces enregistrements. « C’est le silence ambiant », explique-t-elle. « Il y a des moments où l’on a l’impression d’entendre le studio pendant un instant. Ces moments m’ont toujours intriguée, quand j’étais jeune, car j’avais l’impression de pouvoir toucher la texture du son dans l’air ».
Si les premiers albums de Pratt semblaient provenir d’une chambre à coucher faiblement éclairée, quelque part dans un passé lointain, ces nouvelles chansons reposent sur des bases plus solides. Le ton peut aller du réconfort à la gaieté (« Quand vous êtes tombé, mettez les deux pieds sur terre », rassure-t-elle pendant le refrain carillonnant de « Life Is ») à une ambiance hantée et malveillante.
Ce concert est organisé par La Responsabilité des Rêves, association créée par Grand Bonheur, Le Makeda, Le Théâtre de l’Œuvre et La Meson. Cette nouvelle structure gère depuis juillet 2023 l’Espace Julien et propose une offre artistique complémentaire à la programmation déjà présente dans chacun des lieux.
